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cyclosportives

La pluie s'invite à la Ronde Castraise 2009…

Publié le par Mathieu

Après une ouverture plutôt arrosée du coté de la Passageoise, Gérard et moi, nous reprenions ce coup-ci la route : direction Castres avec au programme le 140kms de la Ronde Castraise.

 

Pour rien vous cacher, le gros point d’interrogation de la journée était la météo. A notre arrivée dans le Tarn, première réponse à notre question : il pleut des seaux depuis 2 jours et la pelouse du parc des expos qui sert de parking est une vaste piscine. Pas de miracle donc à Castres, les miracle c’est à Lourdes pour ceux qui y croient.

De mon coté, vu les caprices du ciel, j’annonce dans un premier temps un forfait pur et simple, j’ai pas envie de me mouiller…Puis après un temps de réflexion, j’opte pour le parcours des « filles » comme on dit du coté d’Espère, le petit parcours de 90kms…. Mais le toujours viril Gérard me ramène à la raison. C’est donc sous le déluge que nous prendrons part au grand parcours en compagnie de 450 autres inconscients tandis que certains ne se sont pas changés !

 

A 9h pétantes, la meute est lâchée mais l’enthousiasme n’est pas à l’ordre du jour. Au bout de 10kms, les bricoles commencent, la cote qui mène à Lacrouzette (ou mon fan-club m’attendait !) se dresse devant nous. 7kms pour trouver le bon rythme. Là, l’espoir renaît, nous nous trouvons plutôt bien positionnés et l’allure est presque raisonnable. Nous passons au sommet dans les 100-150 premiers, ce qui pour nous est plutôt une bonne surprise. Les écarts sont déjà conséquents et les groupes sont déjà bien formés. Certains sont déjà passés par la fenêtre. Mais la descente à peine attaquée ma roue avant se dégonfle peu a peu, juste le temps de réparer et nous voilà repartis à la poursuite de nos anciens camarades de jeu. Merci à Gégé qui très sportivement m’a attendu. Les difficultés s’enchaînent et les petites bosses ont raison des moins téméraires qui coupent sur le petit circuit ou qui rentrent direct à Castres.

Gérard et moi nous subissons le mauvais temps mais nous courbons l’échine. Notre allure est plutôt correcte et nous unissons nos efforts à merveille. Nous avons même le temps de parler de la pluie et du beau temps… Le sourire revient quand nous approchons du magnifique lac de la Raviège.

 

Les événements prennent une mauvaise tournure quand nous prenons la direction de Lacaune ( La conne de pluie). L’altitude s’approche des 1000m et le « grand » froid pointe le bout de son nez… Il fait à peine 5° et il pleut des cordes, presque de la grêle. L’eau ruisselle sur la chaussée. Nous peinons pour avancer sans danger. Gégé et moi, nous comprenons de suite sans même rien se dire : la plaisanterie a assez duré, on arrête le massacre. Un camarade de route nous dit que la pluie « ça fait partir du jeu » mais trop, c’est trop !. Un signaleur nous avertit que la salle des fêtes de la Salvetat va servir de point de chute pour accueillir les malheureux comme nous. En effet, il reste 60kms pour rallier Castres et pas moyen de couper à travers champs.

 

Notre aventure s’arrête donc au bout de 80kms et 1300m positif. Même pas le parcours des filles… Arrivée donc au refuge de fortune. Nous sommes presque les premiers. Il reste donc du café servi par les pompiers qui nous distribuent les couvertures de survie. Le temps passe et les perdants du jour arrivent par grosses poignées. La salle est pleine. Combien : 100, 150, 200…  Un cycliste marseillais à l’accent chantant arrive trempé et surpris devant une telle cohue s’écrit : Oh bonne mère, c’est St Jacques de Compostelle ici ! Certains ne sont plus du tout étanches et sont enroulés dans les couvertures de survie tel Jean Claude Dusse dans les Bronzés et son sac de couchage. D’autres finissent leur nuit tandis que j’en profite pour me remplir de coca-cola et d’abricots secs. Heureusement que les pompiers veillent au grain pour les plus défaillants… Les bénévoles du VS Castres organisent dans l’urgence des transports en car, voitures personnelles ou autres mini-bus dans l’urgence pour que tout le monde puisse rentrer à Castres. Merci encore à ces bénévoles exceptionnels de réactivité, de gentillesse et de dévouement !

 

Arrivés à Castres, nous apprenons que seuls 150 courageux ont franchis la ligne d’arrivée et que 300 autres ont connus le même sort que nous. Statistique assez inouïe pour une cyclosportive. Peu importe, nous sommes entiers, pour la forme olympique et les performances on repassera plus tard…. C’est promis, nous reviendrons à la Castraise sous le soleil. Une journée apocalyptique dont nous nous souviendrons longtemps. Rendez vous dans 3 semaines à l’Octogonale près de Rodez pour un programme plutôt corsé.

La Passageoise 2009

Publié le par Mathieu

Après de longs mois d’hiver, ce dimanche marquait pour Gérard (de Caussade) et moi le début des cyclosportives. En effet nous avons effectué le cours déplacement du coté du Passage d’Agen pour prendre part à «  La Passageoise » qui n’est en fait qu’une suite de « La pruneau d’Agen » que les plus anciens d’entre vous ont dû certainement connaître.

 

Cette année le parcours était revu et corrigé car cette épreuve fut l’objet de vives critiques suite à de nombreuses chutes l’an  passé : la faute à 100kms sans la moindre difficulté et avec les gros pelotons, ça frotte parfois… Vous verrez par la suite que les organisateurs on largement revu leur copie cette année.

C’est sans surprise qu’à notre arrivée dans l’ancienne capitale française du rugby, nous avons été accueillis par une forte pluie incessante, comme ailleurs sans doute. Avec 500 inscrits annoncés sur le 146kms (149 au final) cela promet une belle empoignade malgré tout.

 

Nous avons droit à un départ rapide et émaillé par une belle gamelle où un concurrent a dû repartir avec la hanche dans la boite à gants… Mais pour cesser avec les gros paquets et son lot de chutes,les organisateurs avaient placé dès le km20, le mur d’Estillac, l’Alpe d’Huez locale avec ses 1,5km à 12% avec un passage à 16%....  Là , le tri commençait à se faire et les groupes se réduisent… Certains coupent pour rentrer au plus vite vers Agen.

Je retrouve bien entendu le solide Gérard à mes cotés en compagnie d’une quarantaine de camarades de jeu... La pluie est toujours battante.

Sur les parties plates, avec Gérard nous restons plutôt vigilants et modérés tandis que dès la route s’élève nous mettons quelques secousses pour faire sortir ce groupe de son rythme de sénateurs et à ce sujet-là je peux vous affirmer avoir retrouvé un Gérard des grands jours !

Des longues portions plus plates en direction des Landes ( Vers Damazan et Buzet) permettent aux esprits de se reposer…. 100Kms sous le déluge, ça commence à peser sur les organismes. Certains commencent à lâcher prise au moment ou Gérard prend pour de bon la conduite des opérations et confirme vraiment qu’il aime le chocolat. Il assure le rythme en tête du paquet pendant de nombreux kms … Si bien que dans la côte après le village de Bruch, je laisse Gérard s’envoler. Par la même occasion c’est la fin du groupe car ça explose dans tous les sens, cela devient du chacun pour soi… J’ai Gérard en point de mire pendant longtemps mais la panne d’essence guette et j’ai n’ai pas la ressource pour le suivre. Il reste près de 40 Kms avec de 2 côtes sérieuses. Ca se passera à peu près bien mais sans folie…

La plongée sur Agen fait du bien. L’arrivée est proche et quelle joie à l’idée de se retrouver au sec…

Après 1650 m positif et 5H08 à lutter contre les éléments, Gérard m’attends sur la ligne d’arrivée franchie 9 minutes plus tôt. A titre personnel, je n’ai pris que peu de plaisir sur le vélo vu le temps et une condition physique encore vacillante, la seule joie c’est de ne pas être tombé. Avec Gérard, nous avons passé une journée épouvantable mais nous sommes bien contents d ‘être venus à bout de cette première de la saison. Premier test qui m’a permis de montrer que le chemin qui mène au sommet du Mont Ventoux est encore long et sinueux : l’idéal pour continuer à se préparer avec plus de sérieux et d’intensité.. La suite au prochain épisode, c’est à dire dans 15 jours à la ronde Castraise, autour du lac de la Raviège, avec un parcours légèrement modifié qui nous mènera presque jusqu’à Lacaune.
Mathieu

Un dernier coup de Jaja

Publié le par Patrice

En cet avant-dernier week-end d'août, avait lieu la cinquième et dernière levée du grand chelem cyclosportif de la Lanterne, à Mazamet, dans le cadre de la Laurent Jalabert. Le Panda, comme on le surnommait avant qu'il ne devienne un ironman, n'était, cette année, pas de la fête en raison d'une obscure compétition à Pékin ("Pandi Panda, petit ourson de Chine..."). L'autre pékin, son frère nicolas était là avec sa belle tenue agritubel. Manquant un peu de foncier, Nico (oui nous sommes assez proches) avait opté pour le petit parcours.

Après avoir passé une nuit apaisée (cette absence de stress témoigne soit d'un manque de motivation soit d'une sérénité retrouvée après avoir réussi l'objectif annuel) dans la capitale mondiale du rugby, je me dirigeai vers Mazamet. Je n'y retrouvai personne du club car mon leader Mathieu était de mariage la veille et avait dû renoncer la mort dans l'âme (il avait peur de ne pas être à la noce sur les routes du Tarn).

Après une phase décompression post étape du tour, où je me suis un peu laissé aller sur le plan gastronomique (+ 2 kg) et où j'ai roulé version cyclotouriste (prémonitoire?), je n'avais pas d'objectifs précis mis à part me faire plaisir et faire moins que mes 5h58 de l'édition 2006.

L'organisation de la Jalabert n'est pas aussi aboutie que dans certaines cyclos mais son parcours est magnifique. Maryline Salvetat donnait le départ vers 8 h 15: 400 concurrents sur le petit, un peu plus de 500 sur le grand. Parmi eux, une équipe de Moscou qui s'était apparemment perdue (Et les gars l'Ossétie, c'est pas par là!).

Départ très rapide comme d'habitude: 11 km de plat avant le col de Fontbruno, je reste à la fin du paquet, mais je suis malgré tout à 37.8 de moyenne au pied du col. Ce col de 15 km à faibles pourcentages est magnifique et me permet de remonter pas mal de monde y compris ceux du petit parcours partis quelques minutes avant nous. Puis vient ensuite la côte des Martys, sur une petite route caillouteuse mais magnifique. Je reste dans des groupes de mon niveau pour atteindre la troisième difficulté du jour la côte de La Tourette. La descente est splendide (je ne parle pas de la mienne bien entendu) et permet de dominer les paysages de l'Aude. Le soleil est radieux, le vent est aussi de la partie, je vais m'en apercevoir dans la portion de vallée qui mène au Pic de Nore.

Après 100 km à bon rythme, la Lanterne est donc au pied du Pic, 17 km d'ascension pas forcément très pentue mais toujours usante. Désormais, je ne pèse plus sur les événements comme dans les premières difficultés du jour, je me contente de monter à rythme lent. Je double quelques concurrents mais beaucoup plus me reprennent. Enfin, j'arrive au sommet (1210 m) après 5 h 13 et 116 km d'efforts , le panorama vaut toujours le coup d'oeil. La descente est libre jusqu'à Mazamet où j'avale un bon repas avant de repartir vers la cité des violettes.

La saison cyclo 2008 s'achève pour la Lanterne, elle aura été riche et pleine de satisfaction personnelle. Demain, c'est déjà 2009 et de nouvelles aventures...

 

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Hautacam, théâtre des rêves

Publié le par Patrice

Ceux qui ont suivi les aventures de la Lanterne ces derniers mois savent qu’en ce premier week-end de juillet, l’Etape du Tour servait de point d’orgue et d’objectif principal de la saison. Pau-Hautacam, 169 km, 3700m de dénivelé positif, une seule ambition : finir dans les délais ! L’échec de l’an dernier restait en mémoire, il avait été tout au long de l’année un facteur de motivation pour ne pas revivre la terrible humiliation du bus-balai (et du camion pour ma monture).

Comme il faut savoir tirer les leçons de ses échecs, Mathieu et moi avions apporté un soin tout particulier à la dimension logistique de notre défi. Nous avions trouvé un hôtel à 1 km du départ, réservation en Octobre, le lendemain de l’annonce du choix de l’étape. Et surtout, dans leur grande générosité, nos épouses étaient de la fête, elles passaient ses deux jours avec nous et nous récupéraient à l’arrivée.

Arrivés le samedi dans l’après midi, nous remplissions les formalités d’usage puis allions manger un repas équilibré loin de la Pasta Party du village départ (on réserve la guerre psychologique aux sorties clubs). Puis direction la case dodo où je passe une nuit agitée : orage dehors et tempête dans le cerveau, je travaille le sommeil fractionné, environ 4 heures au cumulé (Mathieu a eu cette formule particulièrement judicieuse : « il y a une différence entre se reposer et dormir »). Petit déjeuner dans la chambre, bisous à Christine et vogue la galère…

Nous arrivons au point de départ et trouvons notre sas (les numéros de dossards vont jusqu’à 9500 mais il y aurait seulement 8550 partants). Je suis dans un des premiers sas, Mathieu est plus loin, il est vrai que ma notoriété récente sur le net m’a valu un dossard quasi prioritaire. Je m’assois à côté de mon Ferrus, il fait nuit, il pleut, il ne fait pas chaud et il y en a pour une heure. Je ne roule jamais avec un cardio, bien m’en a pris, j’ai le cœur qui bat la chamade (salut Jéjé) alors que je suis assis. Je me raisonne : « calmos la Lanterne, tu joues pas la baraque là ! ». Le cycliste est un animal puéril. Je discute avec mes voisins, certains sont très sympas et viennent des quatre coins de France, d’autres se la jouent bête de course (même dans mon état de stress avancé je les trouve pitoyable).

 

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Le départ est donné, les dossards prioritaires (les vrais) et les VIP démarrent. A ce sujet, Alain Prost est resté au stand en raison du mauvais temps, putain cet Alain il a jamais eu de mental ! Dire qu’il se faisait appeler le professeur, voilà ce qui a grandement contribué à discréditer notre profession ! Quatre minutes après, c’est à mon tour, j’entends Christine m’encourager, il pleut de plus en plus…

Le paradoxe avec l’Etape du Tour, c’est que cela a tendance, pour des raisons qui m’échappent, à démarrer de manière plus raisonnable que dans d’autres cyclos. Je fais très attention, l’objectif est d’éviter la chute sur cette chaussée détrempée et avec ce peloton très fourni, je me glisse dans des groupes en évitant tout sur-régime. Je pense au conseil d’Alain : « Pour finir, il faut commencer à son rythme et finir… à son rythme aussi ». J’ai le tableau de marche dans ma tête : 4h pour les 102 premiers kms qui mènent au pied du Tourmalet, 2h pour le monter, 1h pour arriver au pied d’Hautacam, 2h pour le gravir soit 9 heures en tout ce qui me laisse une heure de battement par rapport aux délais d’élimination fixés à 10 heures. C’est dans ces moments là que j’exprime totalement mes névroses de psycho-rigide.

A partir du km 25, cela commence à grimper, c’est étroit et très vallonné entre Rébénacq et Nay. Je salue un spectateur célèbre qui nous applaudit , il s’agit de Garuet, généreux pillier à l’ancienne de l’équipe de France de rugby. J’avale plus loin la côte de Labatmale, les sensations sont bonnes malgré la pluie. Autour de moi, beaucoup maudissent ce ciel déchaîné, moi et mon ventre préférons cela à la grosse chaleur (vivre 6 ans en Picardie ça vous habitue à la pluie). Arrivé à Lourdes, je profite de ma présence dans la cité Mariale pour me délester un peu de mon eau bénite (oui, j’urine quoi !), j’ai 35 mn d’avance sur le camion balai. Puis, c’est la côte de Loucrup (les locaux prononcent Lou Truc) et l’arrivée à Bagnères. Je suis dans les temps sur mes prévisions horaires, mais c’est à partir de maintenant que « les mouches vont changer d’âne ».

Mathieu, parti 10 mn derrière moi, me rejoint au pied du Tourmalet puis nous montons chacun à notre rythme, je le vois au détour des lacets à 200m de moi tout au long de l’ascension. Tout le monde est dans le dur, on ne voit plus les aigles des premières heures qui passaient presque en klaxonnant sur notre gauche. D’ailleurs pour dire vrai, on ne voit rien du tout entre la bruine et le brouillard. Un ravitaillement est prévu à la Mongie, je le snobe et arrive au sommet sans poser pied à terre après 1h52 d’ascension. Mathieu a basculé et je ne reverrai le dauphin qu’à l’arrivée.

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Nous sommes au km 120, j’enfile une veste et je me lance plus que prudemment dans la descente. Il fait froid (8° en haut), on ne voit pas grand chose, j’ai des crampes au doigts à force de freiner, enfin j’atteins la vallée.

Il y a 15 kms de plat pour rejoindre le pied d’Hautacam, je refuse de me mêler aux groupes qui me passent à bon rythme, je mouline au maximun pour garder mes forces pour tout à l’heure. Juste avant l’ascension, Christine m’attend fébrilement. Je m’arrête, bois une gorgée d’un coca nettoyeur, j’enfile un maillot sec, je prends un dernier gel (1 pâte de fruits et 2 gels pour l’ensemble de la journée, plutôt frugal non ?). J’embrasse Christine, mon produit dopant à moi et je repars pour le baroud d’honneur.

 

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L’ambiance au début de l’ascension est très sympa, le public est nombreux et continue à encourager la litanie de cyclos. Certains ont choisi de tourner à gauche direction le village arrivée (il y aura 6200 classés). D’autres ont déjà terminé et descendent sur la voie de gauche. Le col est étroit, il y a des gens qui marchent, je monte à rythme lent mais régulier, je commence à doubler des concurrents. Le crachin reprend avec l’altitude, on a du mal à admirer le paysage. Les kilomètres s’égrainent, je sens que je vais y arriver. J’aperçois la flamme rouge, j’ai des frissons mais ils ne sont pas simplement liés au froid. Je vois un coureur, je devrai dire un marcheur qui traîne sa chaîne sur le sol, je félicite mon Ferrus pour sa fiabilité (je pourrai aussi remercier le docteur Yvon qui s’occupe régulièrement de sa santé). Il reste un km, je pourrai accélérer mais à quoi bon gagner trente secondes ou deux places, non, je savoure…

Je passe la ligne, on m’accroche ma médaille. Je suis aussi content que mon fils quand il a reçu sa première lors d’un tournoi de foot. Décidément, le cycliste est puéril (je me répète, c’est la fatigue). Je retrouve Mathieu, nous qui avions partagé la défaite l’an dernier communions dans la victoire. 8h39mn soit 4500ème au temps réel mais toute notion de classement me paraît désuète, il y a beaucoup de vainqueurs là-haut.

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Dans cette Tour de Babel cycliste, 2500 étrangers et 44 nationalités représentées, nous jouons les ambassadeurs. Nous aidons un sympathique anglais victime de crampes à s’habiller pour la descente (l’euphorie me fait délirer, trouver un citoyen de sa majesté britannique sympathique je suis peut-être moins lucide que je ne le pense), nous discutons avec des belges en faisant la queue (comme au télésiège !) pour redescendre. Cette descente est glaciale mais la vue de nos épouses nous réchauffe le cœur. Le chemin du retour est embouteillé, mais qu’importe…

Lorsque j’ai commencé à faire du vélo, il y a maintenant 6 ans, je rêvais de terminer un jour l’Etape du Tour. C’est fait. Mais ne vous inquiétez pas, dans la boîte à malice de la Lanterne, il y a bien d’autres rêves à deux roues…

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L'étape du tour 2008 de Mathieu

Publié le par Patrice

Après l’ultime galop d’essai du coté de Beille, place au grand rendez vous de la saison : L’étape du tour. Une saison passée au crible sur les 169 Kms séparant Pau et le sommet d’Hautacam.

Après une semaine passée à récupérer des efforts consentis en Ariège, samedi, direction Pau pour remplir les formalités d’usage et mettre en place l’intendance. Dès le début d’après midi nous nous retrouvons avec Patrice et nos épouses. La pluie nous accueille et nous ne quittera pas du week-end. Nous partons au pas de course à l’hippodrome pour récupérer nos dossards. Le village départ est une véritable fourmilière ou l’on peut se balader et découvrir les nouveautés matérielles qui feront 2009. Ensuite fin de journée tranquille suivie d’un bon repas sportif avant une courte nuit. Nuit arrosée par la pluie et l’orage.

Dimanche, dès 5h, l’hôtel ou nous logeons se réveille au rythme des cyclistes. Autant vous dire que tous les vélos ont dormi dans les chambres. Les couloirs voient défiler des vélos dans tous les sens. A 6h, nous quittons l’hôtel pour nous rendre au départ sur le parking du palais des sports. Je me sépare de Patrice qui est dans un des premiers sas de départ tandis moi je suis vers le milieu. L’attente avant le départ fixé à 7h est longue, surtout sous la pluie. Personne ne paraît bien serein.

A l’heure convenue, le départ est donné.8500 vélos s’élancent. Il faut traverser Pau . Prudence donc entre de nombreux ronds points et les lignes blanches rendues glissantes par la pluie. Dès le km 6, mon compteur rend l’âme il n’est plus étanche. Sans compteur ça ne me gène pas trop c’est surtout le cardio qui va me manquer le plus…La journée ne commence pas trop bien. Je me laisse porter par le « courant » au gré des groupes pendant les 20 premiers Kms touts plats. Un embouteillage se crée dans la traversée dans les rues étroites du petit village de Rébénacq. Ce village marque le début des difficultés. En plus de routes étroites et sinueuses, les petites cotes se succèdent jusqu’ à la cote de 3ème catégorie de Labatmale ( 3 Kms avec un début sévère). Heureusement l’arrivée sur Lourdes est plus abordable. La pluie continue à nous mystifier, j’ai déjà mal aux jambes et je ne sens plus le bout de mes doigts. La notion de plaisir est réduite… Nous avalons une autre cote de 3ème catégorie, la dite cote de Loucrup peu avant Bagnères de Bigorre. Nous atteignons Bagnères et à partir de là, les affaires vont prendre une autre tournure.

Dès la sortie de Bagnères, le terrain devient plus hostile. Le long faux plat montant menant jusqu’à Ste Marie de Campan est usant et englouti à bon rythme. Ce faux plat ferait le bonheur notre duo de baroudeurs de choc Francis et Jean Claude ! Entre temps je retrouve la trace de mon camarade de club, Patrice. Je le vois de loin car le maillot du club apparaît tel un éclair dans la grisaille. Nous prenons des nouvelles l’un de l’autre et nous monterons le Tourmalet dans le même wagon. A partir de Gripp l’ascension commence réellement et aujourd’hui ce sera dans un épais brouillard. La pente est très régulière oscillant entre 8 et 9%. Il reste 12 Kms et la pente ne faiblira pas jusqu’à l’arrivée. Sans compteur, ni cardio, j’évolue sans filet mais je trouve mon rythme. Il me paraît lent et poussif. Même sous la pluie j’arrive à suer, ce n’est pas bon signe. Je vois que pour mes compagnons d’infortune c’est pareil : tout le monde a l’air dans le dur. A La Mongie, il y’a un ravitaillement. C’est la cohue. Je me faufile parmi la foule et je fais une razzia sur le Perrier. D’ailleurs, je remplis mes bidons de bulles pour la fin de la journée. Même si ce n’est pas le cas, la fin de l’ascension après La Mongie me paraît plus facile. J’arrive au sommet je suis relativement bien par rapport au début de l’ascension. La descente sur Barèges et Luz se fera donc à rythme modérée car le vent souffle même si la route est sèche. Tout le monde, de plus, en profite pour récupérer de l’effort précédent.

Après Luz, un long faux plat descendant nous amène à proximité d’Argelès ( Gazost et non sur mer ). Peu avant la ville thermale, nous bifurquons à droite, direction Lau-Balagnas. Ce petit village est le point de départ de la montée d’Hautacam et accueille aussi le village arrivée. La foule est nombreuse et nous encourage, ça fait du bien, ça regonfle le moral ! Nos femmes sont postées sur le bord de la route, je les salue de loin mais j’ai pas envie de m’arrêter car si je m’arrête, je reste là, je repars pas.

La montée d’Hautacam se fait sur la partie droite de la chaussée car l’autre partie est reservée à la descente car ce col est une impasse. Si le Tourmalet est régulier, Hautacam, 14kms, lui est un col très irrégulier. Quelques replats sont suivis de véritables murs ou il est difficile de garder l’équilibre. Un col vraiment surprenant, une sorte d’escalier géant. La pluie nous accompagne. Le début de l’ascension est très dur pour moi, je ralentis car je veux arriver en haut. La fin de l’ascension me permet de me refaire une santé et puis l’idée de terminer me survolte. Les 5 derniers Kms sont engloutis à bonne allure, tout se mélange la fatigue et la joie d’être venu à bout de deux épouvantails des Pyrénées ! Après 3700m de dénivelé et 8h05mn55s de lutte contre les éléments, je coupe la ligne d’arrivée « en vainqueur ». Pour moi j’ai gagné car par moment dans le journée c’était dur et l’abandon m’a trotté dans la tête…Au final 3227ème rang à l’arrivée. En haut il fait froid, mais le moral au beau fixe réchauffe l’atmosphère. J’attends Patrice qui ne tarde guère à me rejoindre. Nous redescendons le coeur léger après avoir pris le soin de nous ravitailler et de nous féliciter mutuellement.

Coup double pour les couleurs chères au président Falgayrac qui place ses 2 poulains à l’arrivée ! L’épreuve 2007 et l’affront subi du coté de Loudenvielle sont un lointain souvenir ! Avec Patrice, nous entrons au « Panthéon de l’A.S Espère Cyclo » ou nous rejoignons le sage Yvon, le chevronné Eric E et consorts.

Voilà les cyclos c’est fini pour moi cette saison. Place aux derniers travaux et au déménagement courant Août. Salutations sportives à tous.
Mathieu

L'Ariégeoise 2008

Publié le par Patrice

Samedi avait lieu l’incontournable rendez vous du cyclosport dans la région : l’Ariégeoise. Dès notre arrivée vendredi en fin d’après midi, on a pu s’apercevoir que la petite cité de Tarascon, d’ordinaire bien calme, allait vivre tout le week-end au rythme du vélo.

Notre chère association reprenait des couleurs car de nombreux licenciés relevaient le défi de se mesurer au colossal Plateau de Beille et autres difficultés locales. Avec Patrice, nous avons reçu le renfort du canal historique du club : Yvon, le président pour nous montrer la voie de la sagesse, Francis affûté et motivé après une époustouflante ascension du col de la Luzette et Eric, grand habitué des sommets ( Nombreuses Etapes du Tour et autant d’Ariégeoises à son actif). Un ami des vttistes est venu se greffer au groupe, Joël, une force de la nature. N’oublions pas notre trio des méritantes féminines qui n’a pas hésité à venir se mélanger aux hommes avec brio, sur les routes du circuit de la Passéjade. Un grand merci à Jérôme, convalescent, qui pour le fun a monté Beille en 1h20 et qui ensuite immortalisa nos exploits avec son caméscope.

Les hommes en verts prennent le départ de la Mountagnole, circuit intermédiaire de 110kms et proposant un dénivelé de 2500m. 2100 concurrents prennent la route dès 8h30 sous les ordres du speaker Jean Claude Calmon( Une des voix du cyclisme régional, ça me rappelle ma jeunesse et l’époque des courses au tour des églises le dimanche après midi !).

Dès les premiers kms Francis prend les devants et veut faire la course en tête, les paysages ça l’intéresse pas. Je vais pendre le risque de l’accompagner.

Le premier col de la Lauze n’est pas très dur certes mais il est long (14kms) et présente des pentes irrégulières. Au sommet, je ne vois plus Francis qui joue la carte de la prudence, je ne suis pas bien inquiet car après une descente à tombeau ouvert il me rejoindra sans sourciller. C’est le cas à Montferrier au pied du château de Montségur, haut lieu de l’histoire cathare. Nous traversons Lavelanet et prenons la route de Foix. Une route ou alternent faux plats montants et portions descendantes. Notre gros peloton s’en donne à cœur joie. La descente sur Foix nous laisse juste le temps de contempler le château de Foix. A ce moment là, avec Francis nous prenons les devants et nous étirons le peloton. Peu avant Tarascon, nous empruntons un itinéraire bis qui nous permet de contourner la ville étape de la journée. Utile précaution certes mais pas de répit pour nos mollets. Le soleil commence à montrer qu’il va falloir compter sur lui. Francis aussi. Dès les premiers pentes du dénommé « Pas de Soulombrie », il s’envole irrésistiblement. Moi je fais ma « spéciale » comme dans chaque cyclo : une montée à vide. Je décélère et cale la Mathmobile à 7km/h. Les gars me doublent et m’encouragent et me souhaitent bon courage pour la suite. Je descends tranquillement. Peu avant Les Cabannes, nous traversons la petite localité de Verdun. Verdun évoque un lieu tristement connu dans l’histoire de France mais est annonciateur de ce qui nous attends dans le plateau de Beille… Là je repense à un entraîneur que j’ai eu au rugby et qui nous disait : A moment donné, y’a eu la guerre, ça fait partir du jeu !

Aux Cabannes, une pose s’impose, ça tombe il y’a un ravitaillement. Il y’a la foule des grands jours. Tout le monde fait le plein. Un bref aperçu sur nos compteurs, nous indique que nous avons effectué les 90 premiers kms à 30 km/h de moyenne. Je vois au loin Francis qui s’empresse de redémarrer après avoir pris de mes nouvelles. Je comprends alors que Francis est décidé à laver l’affront subi dans le col d’Azet l’an passé. Il tient sa revanche. Je suis obligé de sprinter pour l’avoir en point de mire. Dès les premiers hectomètres. Francis s’arrête arroser les fleurs (ou soulager sa vessie), je fais de même. On redémarre roue dans roue. La pente est rude et sèche. Il fait chaud. Chacun évolue à son train. Dès le km 4, je m’arrête au point d’eau pour faire le plein à nouveau. Francis, concentré vers son graal, fait l’impasse. Il me double. Ensuite la chaleur accentue la difficulté. L’ombre se raréfie. De nombreux concurrents sont à l’arrêt, envahis de crampes. Nous nous résistons. Au km 10 de la grimpée, j’aperçois au loin un maillot espèrois posté sur le bord de la route. C’est notre directeur sportif, Jérome qui peine a me reconnaître car je n’ai pas la tenue réglementaire. Mais Jérôme toujours prompt et alerte a le temps d’empoigner son caméscope. Il me glisse de précieux conseils pour la suite de l’ascension. Jérôme : de la graine de président, un talent au service des autres ! Le tant attendu replat du km12 tombe à pic : Je m’arrête pour recharger en munitions car les 4 derniers kms sont les plus durs. Ils seront durs, très durs même. Après 5h10 d’efforts intenses et arrassé par la chaleur, j’arrive au sommet suivi de très près par Francis. Nous sommes contents car on s’est bien battus (Amicalement) et surtout que Beille ne nous avait jamais particulièrement bien réussi. Malgré presque 30 ans d’écart nous partageons avec Francis le même enthousiasme. Merci et bravo Francis !

Ensuite nos camarades arrivent dans la foulée :avec une prime à l’expérience : le sage président Yvon, l’expérimenté Eric et Patrice qui a très chaud arrivent dans cette ordre. Un repas dans les estives et les vertes pâtures nous permet de refaire l’histoire. La satisfaction générale et la bonne humeur agrémentent le plateau repas. Joël a grand coup de volonté en fini à son tour. Tant d’envie, ça fait plaisir à voir.

Il est ensuite temps de regagner le camping en vélo. Ensuite, nous plions le camp avant de partager le verre de l’amitié et de continuer à réécrire l’histoire. Belle journée pour l’A.S Espère Cyclo qui a montré qu’elle avait encore de la ressource… Rendez vous en 2009 !

Mathieu

La lanterne rouge prend feu dans Beille

Publié le par Patrice

C’est l’Ariégeoise qui était au menu de ce dernier week-end de juin. « Ariège, terre courage », ce slogan nous accueille et donne la thématique de la journée du samedi.

Le club était, pour une fois, particulièrement bien représenté puisque huit licenciés étaient présents. Le pôle cyclosportif (Mathieu et moi) était au complet. Annie et Sylviane avaient réussi à convaincre leurs maris de les accompagner. Yvon a momentanément délaissé ses gaules mais a retrouvé ses cannes. Le guerrier des Jasses a l’œil des mauvais jours, il n’est pas venu pour peler des figues. Christelle avait échoué avec le sien (de mari) mais était là quand même. Dans ce club, le mental se conjugue au féminin. Eric, notre mentor, était aussi présent. Joël, un vététiste, personne n’est parfait (je savais qu’elle te plairait Gaël, celle-là),complétait ce tableau de chasse. Joël, serait une future recrue (si dieu nous prête vie) pour le mercato, bonne pioche.

Les absents ont toujours tort mais on peut quand même rappeler les forfaits de dernière minute. Jérôme, opéré récemment à cœur ouvert, n’avait pas encore fini de cicatriser. Eric L, décidément trop court physiquement cette saison, avait renoncé la veille craignant de ne pas pouvoir atteindre l’arrivée. Quant à Didier, la mort dans l’âme, en époux modèle, il avait dû renoncer (le hasard ne choisit jamais au hasard). Gérard, pourtant brillant l’an dernier sur la Mountagnole, avait un incontournable repas de famille (pense à ta ligne Gégé !!!).

Vendredi après-midi, après un bref voyage, Mathieu et moi arrivons au camping à Tarascon. Nous plantons la tente (la mienne, couleur camouflage, me rappelle l’époque où je servais la patrie, eh oui la lanterne était chez les paras) . La lanterne, pourtant habituée au mise au vert dans les luxueuses suites d’hôtel, avait décidé, dans un souci de cohésion et de solidarité d’accompagner ses compagnons dans ces contrées hostiles que sont les toiles de tente. A force de fréquenter tous ces gauchistes soixante-huitards, la lanterne rouge se « bo-boise ».

Nous nous retrouvons au bar de la plage pour manger. Nous buvons les paroles de notre président qui met en pratique ces techniques de management moderne dans la gestion du club. Les discussions de comptoir s’engagent, ça théorise à qui mieux-mieux, on disserte à propos du cyclotourisme, les spécialistes de la guerre psychologique s’en donnent à cœur joie. La lanterne, toujours respectueuse des gens plus âgés, n’ose dire mot et absorbe ce flot de pertinentes paroles.

Après une nuit correcte, les affaires reprennent. Nous nous dirigeons vers les sas de départ. Yvon prodigue ses derniers conseil à madame la présidente (« Fais attention à ton matériel »). Sylviane motive son homme (« Si tu gagnes, je t’achète une nouvelle moto !).

Ca y est c’est parti. Mathieu et Francis s’envolent, on ne les reverra plus. Ils nous narreront leurs aventures dans un autre article. Mat, mon poulain, au terme d’un duel homérique (rien à voir avec les Simsons), l’emportera et confirmera qu’il est bien aujourd’hui le dauphin du patron. Dire que quand je l’ai recruté, j’étais obligé de l’attendre en haut des bosses (comme disait Sylvester Stallone, dans Rocky IV : « tu sais Apollo (Creed), c’est vraiment con de vieillir »). Le guerrier des Jasses, tombera les armes à la main mais en profitera pour régler avec Beille (et avec d’autres…) un différend datant de l’édition 2005. Chapeau Francis !

Derrière, un trio se forme autour de notre président. Le rythme est élevé mais raisonnable. Nous rallions le premier col celui de la Lauzes (prononcez loosse). Il est agréable et les plus de deux mille concurrents s’étirent difficilement sur ces routes étroites et sinueuses. La descente est technique et étroite conséquence je vois s’éloigner au loin mes deux compagnons. Yvon (il faut le rappeler médaillé aux JO de Grenoble en descente) suit à la lettre les conseils de madame (« Pas plus de 80 km/h !!! »), Eric lui colle au train, analysant scientifiquement les trajectoires (je conseille aux novices en la matière sa récente thèse sur le sujet). Je fais l’effort pour les rejoindre dans la montée suivante. Ce yo-yo se perpétuera à chaque descente et creusera la tombe de la lanterne.

En effet, ceux qui ont suivi les épisodes précédents savent que la philosophie de la Lanterne est de gérer son effort sans se soucier des autres afin de rallier dans les délais l’arrivée. Mais l’Ariégeoise sert de prétexte aux championnats du monde du club et la Lanterne se fourvoie en voulant suivre les copains. Quand on ne respecte pas sa nature, l’être suprême vous ramène dans le droit chemin.

Après un passage à Lavelanet (patrie de notre fumeur de joints chauve préféré) puis à Foix (Ca me rappelle quelque chose…) nous attaquons le Pas de Soulombrie puis descente jusqu’aux Cabannes (« la cabane est tombée sur le chien et le chien est mort », citation de Pierre Salviac, le Thierry Roland de l’ovalie).

Nous voici donc au pied de Beille, 3h30 pour faire les 94 premiers km à plus de 27 de moyenne. Didier m’avait pourtant donné la feuille de route qui menait à l’abandon et je l’ai suivie à la lettre. Mais la Lanterne refuse l’abandon, elle plie mais ne rompt pas.

 


Il reste 16 km d’ascension, il me faudra environ 2 h 30, quelle magnifique gestion de l’effort ! Il fait chaud, très chaud, trop chaud (pour travailler…). J’ai le casque en feu, je monte péniblement. Yvon me passe facilement dès les premières pentes, je vous rappelle qu’il a du sang indien dans les veines ce qui le rend insensible à la chaleur. Il grimpe en faisant la causette avec les concurrentes qu’il rencontre, leur vante les mérites du groupe féminin de notre club. Eric, plus affûté que jamais, me passe au km 4, je le reverrai à l’arrivée.

Le premier point d’eau arrive, je m’y arrête pour récupérer et me rafraîchir les idées. Il y en aura deux autres que j’honorerai de ma présence, c’est open bar, ça me rappelle la tournée des grands ducs de ma jeunesse. Je passe avec envie sous la douche improvisée offerte par tous ces merveilleux bénévoles (Merde, mon brushing !). Le temps passe doucement, les concurrents me doublent par dizaines (Cela me rappelle une chanson de Renaud écrite par Coluche qui disait : « Il manquerait plus qu’un oiseau me chie dessus »). Les seuls que je dépassent sont ceux qui ont pris l’option « je monte dans Beille en marchant, poussant mon vélo ». Dès que la végétation le permet (trop rarement à mon goût), je me glisse à l’ombre des jeunes filles en fleurs (tiens le président fait des émules).

A 6 km du sommet, une caméra de la TV lituanienne est présente. Son envoyé spécial, Jérômus Hypocondriacus, m’informe des écarts. Attaché à mon image médiatique, je m’efforce de faire bonne figure devant la caméra. Je poursuis ma montée, cela va un peu mieux, le sympathique public (certains m’ont vraisemblablement reconnu) m’encourage. Je vois le bout, certains l’aiment chaud, pas moi ! La lanterne n’a pas fait le show en terre ariégeoise mais elle est montée !

Mes compagnons, frais et dispos, sont en haut depuis un bon moment. Ils refont le match, pendant le repas, moi j’essaie de récupérer, il fait 29° au soleil en haut (Marche à l’ombre !). Joël arrive au sommet, il a tout fait au mental, bravo à lui. Nous rentrons vers Tarascon, certains montent encore (notamment trois en vélib !).

Arrivés au camping, les féminines attendent, elles viennent de réaliser un triplé historique à la Passéjade ! Elles ont trusté tous les bouquets. Il faudra taper plus haut à l’avenir (surtout avec le recrutement opéré par Yvon sur le parcours), ah la modestie féminine. Nous rangeons notre matériel et nous nous retrouvons autour d’un verre pour faire des « nalyses ». Certains restent : Yvon va taquiner le goujon, Francis veut faire Pailhères et Bonascre pour se tester un peu.

La lanterne repart vers le Nord pour se mettre au frais. Dimanche prochain, il faudra atteindre Hautacam… Chaud, chaud, les marrons chauds…

La Pyrénéenne 2008

Publié le par Patrice

Samedi, j’étais du coté de Saint Lary pour prendre part à la Pyrénéenne. Le parcours intermédiaire (120kms) proposait les mêmes cols que la sortie club de l’an passé. Exceptionnellement, je suis l’unique représentant du club car mon fidèle acolyte Patrice préfère observer un week-end de repos après la rude bataille des Cévennes.

Pour en profiter un peu, je suis parti vendredi matin accompagné de Madame. Après 3 heures de route sous l’orage nous rallions Saint Lary. Le temps est maussade. Impossible d’apercevoir le Pla d’Adet ou tout autre sommet. Le soir, l’orage gronde pendant que nos 11 coqs français prennent l’eau face à des hollandais plutôt réalistes. Avec tout cela, j’ai du mal à trouver le sommeil : J’ai peur de me transformer en Thuram, Malouda ou Sagnol sur mon vélo…

Le matin, je me réveille bien avant que le réveil sonne. J’ouvre le velux de l’hôtel et j’entraperçois le soleil noyé dans le brouillard matinal. Ca me remet du baume au cœur. Dès 6h45 je suis sur le vélo, impatient et un peu inquiet, la montagne ça impressionne toujours… J’ai du temps devant moi donc j’en profite pour m’échauffer correctement, j’ai le temps de monter jusqu’à Azet-village sur la route du col d’Azet. Me voilà donc bien chaud pour prendre par le départ à 8h.

Utile précaution d’avoir fait un échauffement XXL car le départ va être foudroyant… Nous rallions Guchen ( Ville étape de la sortie de Juin 2007, souvenez-vous celle du Pla d’Adet ) à vitesse grand V. Seulement 5 Kms pour se mettre en jambes, c’est peu. Mon cardio tilte dans tous les sens. A Guchen nous débutons directement avec la redoutable Hourquette d’Ancizan ( Versant descendu en 2007). 10 Kms à presque 9% sur une route dans un état moyen, la journée commence fort. Ca monte vite et j’ai la naïveté de me croire en forme. Le compteur ne descend guère en dessous de 16-17km/h. Un éclair de lucidité au sommet me permet de me souvenir du cavalier seul réalisé dans ce même col par notre ami Francis l’an passé.

Un épais brouillard nous accompagne pour la descente. En piètre descendeur que je suis, il me faut lutter pour rester dans les roues de mes petits copains. Cette descente nous mène à Payolle. Direction ensuite Bagnères de Bigorre avec un long faux plat descendant de 20 Kms où je reprend un peu mes esprits. Je réalise déjà que je suis dans un groupe trop rapide pour moi. La moyenne horaire de 33 Kms/ h me le confirme.

Après un circuit dans Bagnères, nous rempruntons ce long faux plat mais à l’envers . Quel pied de remonter et de croiser des types qui en n’ont pas encore fini avec leur descente ! Nous traversons vite fait (Trop vite fait sans doute) Campan, Ste Marie de Campan et Payolle. L’Aspin se dresse devant nous : 7 Kms seulement mais toujours à plus de 8%. C’est à ce moment là que les efforts inutiles fournis auparavant me reviennent en pleine face comme un boomerang. J’explose en plein vol, je ne suis pas le seul dans ce cas… J’erre à 6 Kms/h, je n’avance plus et je commence à me sentir bizarre. Je réalise que je n’ai pas bu une goutte d’eau et rien manger au bout de 70 Kms. Je me hisse au sommet difficilement. Je me ravitaille copieusement et enfile le coupe vent. Ca vaudra mieux pour attaquer la descente. Descente magnifique sur Arreau avec un point de vue à couper le souffle. A Arreau, la tentation est grande de regagner Saint Lary par la vallée et ainsi m’éviter d’autres difficultés. Je me dis que ce n’est pas me rendre service de faire ça et qu’à l’Ariégeoise dans le plateau de Beille, je pourrai le regretter d’avoir escamoté des difficultés….

Arreau donc, direction ensuite Loudenvielle par le début du col de Peyresourde. Ce n’est rien de bien dur mais c’es t assez long et bien usant surtout quand on est un peu entamé. La notion de groupe est réduite à sa plus simple expression, je suis seul… Le ravitaillement proposé à Bordères - Louron me fait du bien. Je prends 5 minutes de repos tandis que mes concurrents pour le classement général me double allégrement. Au moins 10 places perdues dans l’opération…Ainsi va la vie d’un sans grade.

L’an passé, le parcours proposé par le club, c’est à dire faire directement Arreau – Genos par la vallée du Louron en évitant Loudenvielle était plus facile. Bon par contre, le lac de Loudenvielle est joli mais ça ne suffit plus au bout d’un moment. En plus, Loudenvielle, me rappelle aussi mon cuisant échec de l’étape du tour de l’an passé…. Du coté de Genos, je reconnais la sympathique pizzeria ou nous nous étions restauré l’an passé. A peine le temps de rêver à une bonne pizza et à du rosé que le col d’Azet commence à pointer le bout de son nez tout comme le soleil car on a dépassé midi. Le début de l’ascension après Genos est rude. Il faut trouver le rythme juste (ou juste le rythme…). Azet ça me rappelle mon homérique duel livré avec Francis l’an passé. J’y repense et ça me redonne un coup de fouet. En même temps que les premiers effets du ravitaillement, mon Orbéa s’emballe ( C’est bien connu, un Orbéa ça monte les cols tout seul ! ) et me voilà en train de rattraper des anciens camarades de jeu des cols précédents. Certains font moins les fiers que dans l’Aspin. Comme d’habitude, certains s’essaient à la marche avec vélo. Je ferraille dur pour arriver au sommet et entamer la descente finale. Je suis complètement cuit, j’ai chaud, j’ai froid. En plongeant sur la cité thermale, je vois le Pla d’Adet au loin, je ne le monterai pas aujourd’hui, c’est décidé !

Après 123 kms et 5H20 bien corsées je franchis la ligne d’arrivée. Ma piètre gestion de l’effort a failli me jouer des tours, je suis bon pour un stage avec Yvon pour y remédier. Ma chère femme m’attends, elle est rassurée je suis entier. Elle trouve que j’ai bonne mine, elle doit dire ça pour me faire plaisir.

Pour me requinquer, nous avons eu la bonne idée d’aller passer 2 heures ensuite au centre thermoludique « Sensoria ». Le repos du guerrier bien mérité : jacuzzi, sauna, cascades d’eau, divers bains à bulles…. En plus c’est un bon argument auprès de nos femmes : je fais du vélo, tu prends soin de toi. Ca permet d’intégrer des week-ends cyclistes et satisfaire tout le monde ! Qui a dit que les hommes sont des égoïstes ?

On se retrouve du coté de Tarascon d’ici 15 jours. Sportivement.

Mathieu

Le tour du Sancy - Puy de Dome 2008

Publié le par Patrice

Aujourd’hui avant un bref aperçu de notre journée, je vous propose un remake des « Lacs du Connemara » de notre Michel Sardou national. Là, le mot « Connemara » est remplacé par le « Puy de Dôme » tant le temps apocalyptique et le paysage sauvage (Lacs, végétation et relief) nous ont fait replonger dans l’univers de ce grand succès des années 80. Je me suis même laissé aller à quelques vocalises dans le col de la Croix Morand pour réchauffer l’ambiance.

A vous de chanter !!!

« Terre brûlée au vent Des landes de pierre, Autour des lacs, C'est pour les vivants Un peu d'enfer, Le Puy de Dôme

Des nuages noirs Qui viennent du nord Colorent la terre, Les lacs, les rivières : C'est le décor Du Puy de Dôme »

On y voit encore Des hommes d'ailleurs Venus chercher Le repos de l'âme Et pour le cœur, Un goût de meilleur. »

Bon à vrai dire, on n’a pas fait que pousser la chansonnette samedi. C’est bien conscients de la difficulté proposée qu’avec Patrice, nous avions décider de nous aligner sur le petit parcours. Le grand, trop dur, on était pas invités et puis on mûrit avec l’âge...

Comme l’a relaté Patrice, cette épreuve « décentralisée » nous a permis de nous joindre à un grand melting-pot cycliste. Il est vrai que la colonie batave était physiquement imposante ( Souvenez les rugueux footballeurs Stam, les frères Koeman, Danny Blind et l’inoubliable Van Breukelen, les mêmes !)

A notre plus grande joie, nous avons retrouvé mon ancien coéquipier de rugby, l’inénarrable Pepe. Avant le départ dans le sas, Pepe a failli créer une guerre aussi brève que la guerre des malouines (Pepe doit avoir des souches argentines). En effet, notre camarade cycliste portait une tenue dont le principal sponsor est « Centre commercial Carrefour Agen ». Un spectateur auvergnat lança alors à Pepe : Oh le pruneau d’Agen, au trou, en D2 !!! ». Là, Pepe blessé dans son orgueil( Le vieux il a joué à Agen quand il courait comme un lapin de garenne ) riposta d’un ton plus que vindicatif : « Et toi, le bibendum, le bouclier de Brennus t’es pas prêt de le voir ( Clermont a perdu de nombreuses finales sans jamais en gagner une) ; moi mon pote, à Agen, je l’ai touché le bout de bois ! ». Avec toutes ses émotions le départ arrivé à point nommé. Un départ plus que tourmenté dans l’agglomération clermontoise ( Ronds-points et îlots directionnels à volonté…) permettait à tout le monde de se chauffer tranquillement.

Ensuite une immense montée ( 20 kms) nous permettait de passer à proximité du plateau de Gergovie ou Vercingétorix étrilla les légions romaines de Jules César en 52 avant JC…. Je dois avoir de mauvaises fréquentations pour me mettre à disserter sur l’histoire de France ( 6h de voiture avec Patrice, faut bien causer un peu)

Ensuite c’est dans le déluge et la tempête qu’il fallu enchaîner un triptyque qui gagne à être connu : Col de la Croix Morand – Col de Guéry – Col de Moreno avec le passage de 2 sommets peu connus mais à 1500m quand même. Une véritable galère, pédaler pour ne pas se noyer. A peine 100 kms et me voilà plus que « bien mur » avant d’attaquer l’ogre de la journée : Le Puy de Dôme.

 

panneau puy de dome 201105 3 2


6 kms avec les 4 derniers à 12%. A moment donné, je me suis demandé si on n’était pas dans un triathlon : beaucoup de concurrents poussaient leurs vélos à pied. Moi, c’était pas du grand spectacle ( Pas d’attaque et jamais en danseuse, m‘en veux pas Francis ), j’avais bloqué le régulateur de vitesse à 7-8 kms/h. C’est avec une joie non dissimulée que je perçais le brouillard pour réussir à hisser ma lourde carcasse ( 80kg) au sommet du géant d’Auvergne. Une impression d’avoir tout donné et même un plus exceptionnellement. J’ai terminé vraiment laminé une fois arrivé au sommet.

Ensuite Patrice en fait de même.

N’en jetez plus, la coupe est pleine, nous sommes deux hommes heureux !

A bientôt. Amicalement à tous. Bonne sortie club ( Patrice est affûté)

Mathieu

La lanterne rouge illumine le Puy de Dome

Publié le par Patrice

En ce dernier jour de mai, c’est le Tour du Sancy - Puy de Dôme qui était au programme. Parti un peu avant 6 heures, le team Espère Cyclosport était au complet (Mathieu et moi). Notre ami Gégé du Tarn et Garonne, la mort dans l’âme, avait dû renoncer pour des ennuis de santé. Après 2 h 45 de route nous arrivons à Clermont-Ferrand, on aperçoit le mythe, le Puy de Dôme (« Putain, ça a l’air plus dur que la Cévennes ! ». Sur le parking, des voitures des quatre coins de la France sont garées. Il y a même des étrangers, j’aperçois des espagnols, à côté de nous des hollandais (comme disait Thierry Roland, ce philosophe méconnu : « Le Batave est puissant »). Le retrait des dossards s’effectuent au stade de Clermont foot. Les numéros de dossards sont classés par club, j’ai le 320, Mathieu le 321. Je fais remarquer à mon compagnon d’infortune que c’est moi le leader et je le laisse vagabonder avec l’ami Pepe que nous avions déjà croisé à l’Octogonale. Pendant ce temps, les concurrents du grand parcours sont partis : 163 km, ceux-là c’est des vrais !

Nous sommes prêts, nous entrons dans le sas, le temps est menaçant mais ça a l’air de tenir. A la louche nous sommes 400 sur le 106 km cyclosportif, certains sont déjà partis dans la version randonneur (Ah les sirènes du Cyclotourisme…). Ca y est, c’est parti. Le départ est rapide mais sans excès. Les 20 premiers sont avalés rapidement, je suis toujours dans le peloton de tête, que se passe-t-il ? Aurai-je trouvé les produits miracles ? Serai-je en train d’atteindre mon pic de forme annuel? Rien de tout cela, la course est neutralisée jusqu’au km 20…

La voiture ouvreuse s’efface, ça y est cela commence à partir en vrille. Nous montons pendant plus de 20 kms sur de pentes douces. Je reste à l’abri dans les roues, le conseil du docteur Yvon hante mon esprit : « Garder de la fraîcheur jusqu’au pied du monstre ». Fidèle à ma réputation, tous les concurrents que j’avais doublés dans le col me reprennent dans la descente suivante. Celle-ci nous mène au col de la Croix-Morand (10 km à 5 ou 6% ), je trouve un régional de l’étape fort sympathique, il me sert de guide touristique et me permet de mettre un nom sur ces paysages magnifiques. Le col du Guery est avalé dans la foulée. Deux heures trente de vélos, pour l’instant tout va bien…

Mais dans la descente, une invitée de marque arrive : la pluie. Tout d’un coup c’est le déluge, ça tombe dans tous les sens et ça durera jusqu’au bout. Je suis frigorifié, les muscles se contractent, mes qualités de descendeur s’expriment pleinement dans ces conditions dantesques. Je m’arrête mettre mon imperméable. Putain qu’est-ce que je fais là ? Je veux rentrer chez moi, je veux revoir Christine et les enfants ! Je commence à songer à l’abandon. Je tremble de froid, je ne suis plus étanche, je vois des renards partout (« c’est normal c’est la saison » , citation de Gérard Lanvin dans Marche à l’ombre). Maman, viens me chercher !!! J’envisage d’arrêter les cyclos, de me mettre au vélo santé dont Didier m’a si souvent vanté les mérites, pire encore de faire du vtt…

L’abandon est proche. Mais tout d’un coup, tel Boudu sauvé des eaux, une vision d’apocalypse fait basculer mon destin. Eh oui, le week-end prochain, c’est la sortie club dans les Cévennes, je me vois à table vendredi soir essuyant les quolibets de mes camarades. Francis, le sourire en coin, ouvre les hostilités : « Et Patrice, s’il pleut demain, au Vigan tu fais demi-tour !!! ». Eric L lui emboîte le pas, sarcastique : « Et cette année l’arrivée de l’Etape du Tour, c’est au pied d’Hautacam ? ». Didier se joint à la farandole : « Ca y est, toi aussi tu commences à escamoter les fins de parcours ? ». Jérôme s’y met aussi : « Tes récits sont palpitants mais sur un vélo, il faut du cœur ». Même Yvon tire sur l’ambulance : « Tu devrais penser à investir dans un vtt ». Mais le coup de grâce arrive, Sylviane m’assène : « Tu es plus fort pour écrire sur le blog que pour pédaler ».

Ses pensées décuplent mes forces, le col de Moreno arrive, ses 5 kms me permettent de me réchauffer. Arrivé au sommet on bascule, encore 5 kms et on tourne à gauche, je vois le panneau Puy de Dôme 6 kms. La pluie tombe toujours, certains concurrents abandonnent et rentrent vers Clermont, moi je me lance dans la bataille. Les deux premiers kms sont à 8 ou 9 %, je croise le défilé de ceux qui ont terminé et redescendent radieux. J’arrive au début de la route à péage, j’enlève mon imperméable, je veux monter sous pavillon espérois. Le panneau de la muerte arrive : il signale 4.1kms à 12 %. Je mets mon 34x29 (béni soit-il) et vogue la galère. Mon compteur oscille entre 6 et 7 km/heure. Cela ne va pas vite mais je suis très bien au niveau cardio. A ce rythme là, il faut près de 10 mn par km. Il y a des cyclos arrêtés partout sur le bord, ils s’étirent, marchent à côté de leur vélo. Mais la lanterne rouge continue, elle ne posera pas le pied à terre… Le tonnerre gronde, la brume devient plus intense mais le moral grandit à chaque hectomètre. Je pédale avec tout, les mollets, les cuisses, les épaules et surtout… les cojones. Après le duel Anquetil - Poulidor, c’est le duel Armengol contre lui-même. Pour la beauté du paysage, on repassera, on voit rien à 100 mètres. Mais la lanterne, imperturbable, méprisant les éléments naturels, continue l’ascension et tout à coup à 200 mètres la ligne d’arrivée se profile. Je bombe le torse pour montrer mon maillot et fièrement je passe la ligne.

Mathieu m’attend depuis une demi-heure. C’est une véritable machine de guerre (147ème) Pour ma part, je pointe à la 205ème position mais quelle satisfaction d’avoir dompté le fauve. En haut, le soleil se lève, on peut enfin profiter du panorama. Nous amorçons la redescente, 20 kms jusqu’à Clermont, dans la joie et la bonne humeur. Enfin des vêtements secs, nous avalons rapidement le modeste repas proposé (« on était pas venu là pour faire un gastro ») et prenons le chemin du retour.

Cette édition sera sans doute la dernière. La route sera vraisemblablement remplacée par un train touristique à partir de l’année prochaine, c’est triste pour les cyclos. La lanterne rouge a dompté le mythe et le mythe ne s’en remettra jamais…

4510 PuyDeDome

 

Chronique de la Lanterne

Publié le par Patrice

5 h 30 pour 137 km et 2500 m de dénivelé + selon les organisateurs (un peu moins selon la police), 25 km de moyenne. Voici des statistiques qui satisfont pleinement le cyclosportif en herbe (verte) que je suis. Mais stupeur, que vois-je en analysant le classement ? 240ème sur 278 concurrents !!! Evidemment je pense à une erreur informatique, mais non, c’est bien moi, dans les bas-fonds du classement, le monde est décidément cruel…

Pourtant tout avait bien commencé. Samedi soir, après une soirée stressante devant le multiplex de la dernière journée de ligue 1 où j’avais failli me claquer en faisant des sauts de cabri après le but de Pantxi Sirieix qui assurait le maintien du TFC (on a les bonheurs qu’on peut), je me dirigeai vers le lit conjugal. Après 5 heures de sommeil apaisé, ce qui est la norme haute pour une veille de cyclo, je me levai dix minutes avant le réveil (un névrosé !). Mathieu, en avance comme à son habitude (deux névrosés), passait me chercher.

Après un voyage qui nous avait permis de faire le débriefing de la révélatrice réunion du club de jeudi, nous arrivons à La Primaube. J’impose à mon Mathieu une minute de recueillement, nous sommes ici en terre présidentielle ! Mathieu s’exécute et commence alors son show, il serre des louches à qui mieux mieux : un client par ici, un copain par là. Il est chez lui, la suite confirmera cette première impression. Parmi cette brochette de connaissances, une sort du lot : Pepe, une ancienne gloire agenaise de rugby, qui avait joué avec Mathieu au royaume d’ovalie. Il nous assène quelques phrases chocs : « Et les gars, aujourd’hui, si tu prends ma roue t’es pas loin du podium », « A la Passageoise, je roulai avec un groupe de cent, ça collaborait pas je les ai éparpillés ». J’écoute un peu intimidé et il rajoute : « Et Mathieu, si y en a un qui nous gonfle, je déclenche un générale comme contre le RC Cathare, y avait eu de la chifarnaze ».

Après cette préparation mentale, nous rentrons dans le sas de départ. Avec mon beau maillot flashy d’Espère un concurrent me prend pour un des bénévoles de l’organisation qui portent un chasuble vert fluo (« Et copain, mon Ferrus, c’est pas la moto fraîcheur ! »). Mathieu se positionne sur la grille, moi en retrait à droite (je suis claustro, j’aime pas les départs !). Il y a des beaux vélos, mon Ferrus GX 12 est intimidé, je le rassure en lui parlant tendrement au creux du cintre. Je fais la bise à Mathieu et lui donne rendez-vous à l’arrivée. Ce qu’il ne sait pas encore c’est que 40 minutes nous sépareront, c’est un Matou frais et dispo que je retrouverai en rejoignant péniblement la voiture (pas balai !). A ce propos, je pense que Mathieu est prêt à contester la place de dauphin confisqué depuis si longtemps par l’aigle de Nuzéjouls (s’ils arrivent à trouver un terrain de jeu commun et si la distance est à trois chiffres).

Le départ est suivi de 10 km de descente ou presque, ce qui grâce à mes qualités légendaires de descendeur me permet de m’installer confortablement à la dernière place. Suit la côte de Bellevue (12 km à faible pourcentage) qui permet de reprendre quelques excités du départ. En haut de celle-ci, je suis doublé par les avions de chasse du petit circuit. Quelques jeunes blancs-becs, aux jambes rasées (à moins que la puberté n’est pas encore finie son œuvre) me doublent. Je leur lance un regard furtif et méprisant (« Et gamin, viens jouer dans la cour des grands sur le vrai circuit plutôt que de jouer à la baballe avec tes copains de classe »). Je ne me désunis pas, roulant avec mes copains de promo. Un autre groupe nous passe, cette fois ce sont les avions longs courriers, puis encore un autre, les avions de tourisme. Ceux-là, ils auront digéré que je serai encore sur mon vélo. Merde, il faut faire gaffe bientôt Guillaumet, Mermoz et autres Clément Ader vont nous enrhumer. Pourtant, je regarde mon compteur 3 heures de course et 29 de moyenne, j’ai pas les bons produits ou quoi ? (Il y avait une pharmacie à Lanuejouls, Mathieu n’a pas voulu s’y arrêter !).

Enfin, les deux circuits se séparent, on se retrouve entre gens de bonne famille. J’avale les deux côtes suivantes en jouant au yo-yo avec un autre concurrent, je le malmène dans les côtes, il me désintègre dans les descentes. Je refuse de collaborer : « Et mignon, j’ai mon leader devant, je vais pas collaborer pour te ramener sur lui », je suis estomaqué par son inculture tactique. Je profite de ma fréquence de pédalage raisonnée pour apprécier le viaduc de Millau et les superbes paysages aveyronnais notamment les Raspes du Tarn. Je continue insensible à la pression de l’événement, je rencontre un concurrent blagnacais (un caouec comme moi), nous étions au même collège. Il me fait part de ses projets dont certains sont communs comme l’Etape du Tour. Il l’a finie l’an dernier 5 minutes dans les délais, je lui raconte que moi aussi je l’ai finie mais dans le bus. Mais, j’interromps cette discussion dans la côte du Truel pour m’échapper insensiblement. A l’approche du sommet un gentil papi se propose de me faire une poussette. Je le rejette poliment : « T’as vu mon maillot, je suis de l’AS Espère, on mange pas de ce pain là chez nous ». Non mais, en plus si un commissaire de course me voit je vais prendre 15 secondes de pénalité et perdre 3 places au général, ces aveyronnais, ils ne se rendent pas compte (pardon maman, mais Decazeville, c’est pas tout à fait l’Aveyron, c’est le bassin).

Je poursuis mon périple. Après avoir snobé le premier ravito, je daigne m’arrêter au second. Etant en période de régime, j’accepte seulement un coca (un jour l’histoire rendra grâce à ce peuple majeur à qui ont doit l’invention de ce nettoyeur d’estomac). Pour ce qui est de mon estomac, il a pour une fois correctement assumé son rôle, il est vrai que mon potentiel vomitologique ne s’exprime pleinement qu’en période de forte chaleur. Je délivre une dernière blague de potache à ces aimables bénévoles et je m’en vais. Superbes bénévoles d’ailleurs, souriants et à l’écoute, donnant de leurs temps de manière désintéressée dans une organisation parfaite. Ca fait rêver !

La dernière difficulté approche, je suis rattrapé par un coureur de Fumel Monsempron, nous entamons la conversation. J’ai l’impression de l’avoir toujours connu, de faire partie de sa famille tant j’ai été proche de ce club. Il me lâche (lui aussi) et je finis tambour battant ce joli défi personnel dans un état qu’on peut qualifier de raisonnable.

Je rejoins Mathieu et partageons les yeux dans les yeux un repas frugal (mon estomac ne s’est pas encore remis en phase active). Nous attendons la remise des récompenses espérant que notre club gagne le trophée du club le mieux représenté mais perdu, ce n’est pas nous. La superbe tombola débute, un cadre Orbéa est à gagner (mais non cher GX 12, je ne vais pas t’abandonner !). Encore perdu, décidément il pleut toujours sur les mouillés…

Ca y est, il nous faut rentrer, fourbus et heureux, c’est quand même sympa le vélo entre copains… Prochain objectif, dans quinze jours le Tour du Sancy, voir briller la lanterne rouge sur le sommet du Puy de Dome…

L'octogonale 2008

Publié le par Patrice

Suite de la saison des cyclos ce dimanche dans la banlieue ruthénoise à La Primaube. J’étais accompagné dans ce périple par Patrice qui lui ouvrait sa saison après une escapade martiniquaise. Nous étions inscrits sur le parcours de 137 kms où quelques 280 courageux prenaient le départ sous une météo plutôt clémente au vu de la semaine écoulée.

Si les départs des cyclos sont toujours rapides, celui de ce jour restera dans les annales tant il fut furieux ! Tant est si bien que malgré les successions de faux plats et petites bosses ( Bellevue 12kms à 3%) le gros paquet dans lequel je me trouvais ralliait Pont de Salars à plus de 36 km/h. Pour moi, ça commençait à abonder. Heureusement qu’une bosse plus pentue à la sortie de Salles Curan disloquait ce gros paquet en 3 ou 4 paquets distincts. Pas le temps donc de s’émerveiller devant le lac de Pareloup ! C’est donc dans un groupe d’une vingtaine d’unités que je franchissais le sommet de l‘épreuve, le col de la Vernhette (Qui n’a de col que le nom car l’ascension dure juste 3 kms par Bouloc ). Ensuite c’est la plongée vers les gorges du Tarn avec en panorama le viaduc de Millau. Ca vaut le coup d’œil même sur un vélo à 75km/h. Dans mon groupe je retrouvais une douzaine d’éléments du club voisin de Monsempron-Libos…. Certains les ont déjà croisés à l’entraînement. Ensuite nous avons enchaîné une quinzaine de kms casse-pattes le long du Tarn dans un cadre absolument magnifique. Au bout de 90kms nous sommes à près de 33km/h de moyenne. Personne ne parle, on pédale ! Les bucoliques gorges du Tarn nous conduisent jusqu’au village du Truel qui est le point de départ de la difficulté de la journée (10 kms à 5.5%). Dans le groupe, l’entente est cordiale et la raison nous amène à escalader la cote du Truel ( Pas un col, juste une cote !) de façon raisonnable afin de conserver un groupe au complet. Surtout que nous sommes vers midi et que le soleil pointe le bout de son nez. Je l’avoue c’est toujours mieux de rouler à 20 que tout seul car on peut rester dans les roues…. La suite se résume à une litanie de petites ascensions mais les kms commencent à se faire sentir. De plus le groupe dans lequel je figure ne juge pas bon de s’arrêter au ravitaillement du km 100… L’allure se calme un peu cependant et nous avons le temps d’apprécier les petites localités pleines de charme que sont Villefranche de Panat et Salmiech. Tout le monde participe gaiement et le compteur indique une moyenne proche de 30. L’arrivée est proche et tout le monde sait que les 5 derniers kms entre l’abbaye de Bonnecombe et l’arrivée à La Primaube sont 5 kms de montée. Ayant été raisonnable toute la journée en restant dans les roues je m’offre une attaque ( comme ce cher Francis m’a appris à le faire ) au pied de la bosse. Autant vous dire que cela ne restera pas dans les annales car mon geste désespéré me condamnera aux dernières places du groupe à l’arrivée avec un retard conséquent. Pas important pour moi, l’essentiel étant de ne rien regretter !

Après 4H45 de selle et un dénivelé de 2400m il était temps de tout ranger et de se refaire une santé. Patrice me rejoint un peu plus tard. Tout le monde est content et puis notre journée nous satisfait : Pas de chute, pas de crevaison voilà l’essentiel !

Cette journée sportive en Aveyron m’a appris une chose : L’Aveyron regorge de belles difficultés pour les cyclistes. Notre cher président ( Ultime mandat paraît-il) Yvon est natif de l’Aveyron et je comprends donc mieux pourquoi il est ainsi devenu un redoutable grimpeur.

A bientôt sur le vélo ou sur le blog.

Mathieu

Autan en emporte le vent

Publié le par Patrice

Je me suis rendu ce dimanche à Castres pour participer à la cyclosportive « La Ronde Castraise ». J’étais accompagné de Gérard, un ami de Caussade ( Une icône dans la cité du chapeau! ) avec qui j’ai l’habitude de faire des cyclos. Nous déplorions l’absence de Patrice qui se remettait doucement du décalage horaire après son séjour martiniquais. A moins que Patrice se réserve pour de futures échéances ? Pour moi, cette première épreuve allait me permettre d’évaluer ma forme du moment car il n’est pas facile de le savoir quand on roule seul ou en petit groupe. Le but de la journée étant de prendre du plaisir, admirer la beauté des sites traversés et de finir entier si possible.

Après un réveil matinal (4h), nous rallions Castres ou près de 1500 cyclos se retrouvent pour un épreuve qui devient incontournable dans la région. Comme tout le monde, nous avons la désagréable surprise de constater la présence d’un invité surprise : le vent. Un vent violent ( Près de 90 Km/h selon les experts locaux ) qui va souffler toute la journée en rafale et qui de l’avis général, ne nous fut jamais réellement favorable !

8h30, nous prenons place dans le sas de départ. Les visages sont tendus et pensifs car le vent fait tomber les barrières de sécurité. La journée s’annonce ardue. Nous, nous sommes à coté d’un truculent triathlète de 74 ans (8 participations à Nice) qui nous raconte des blagues grivoises et qui nous fait l’apologie du 53x39. Pour info, ce gaillard finira un gros quart d’heure devant moi. Chapeau, ça me laisse rêveur !

9h, la meute est lâchée, nous sommes un peu moins de 600 à s’élancer sur le grand parcours de 145 Kms ( 2400m de dénivelé à nos compteurs, 1800 selon les organisateurs….). Après 10 Kms de plat menés à vive allure, le peloton éclate à la faveur de la 1ère difficulté, la cote de Lacrouzette longue de 6 Kms. J’intègre un bon groupe homogène de 60 unités environ ( Avec le fameux triathlète notamment ) ou tout le monde se donne à fond. Ensuite quelques belles cotes ( Vabre et Brassac notamment ) et une multitude de faux plat se succèdent à travers les monts du Lacaunais et ses carrières de Granit. C’est à bonne allure que nous arrivons au ravitaillement de La Salvetat sur Agout et le joli lac de Raviège. Notre groupe explose au ravitaillement ou je prends 3 minutes de répit…. Nous sommes au km 85 et les esprits sont marqués par la chaleur quasi estivale mais surtout par le vent qui gêne tout le monde et incite à la prudence dans les descentes . Après la descente dans La Salvetat une longue série de petites bosses pendant 20 Kms pour monter jusqu’à Angles me sera fatale et me faisant quitter par l’arrière un groupe d’une vingtaine d’éléments avec qui je faisais route. Un groupe qui explosera au fil des kms. Ensuite roulant seul ou en tout petit comité, les Kms paraissent plus longs et ce n’est pas la cote de Fialesuch montant vers St Salvy de la Balme qui fait dire le contraire. Un final exigeant attends les courageux avec la cote de St Hippolyte pour achever le travail.

Je franchis finalement la ligne d’arrivée en 5H27 pour 145 Kms. Gérard m’attends depuis 10 minutes. Je réalise le même temps qu’en 2007. Je suis soulagé d’arriver entier car je me suis vraiment fait peur avec ce maudit vent surtout que mes roues à profil haut n’arrangeaient pas ma situation. A noter l’excellente organisation du V.S Castrais à tous les niveaux ( Parcours, parking, sécurité, repas ).

A bientôt. Bonne route à tous.

Mathieu

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