En ce début du mois de janvier 2010, j'ai connu une première expérience troublante: une sortie avec les "tétistes". J'avais déjà en juin dernier lors du Roc Cadurcien arpenté le parcours enfant
mais aujourd'hui j'ai pédalé dans la cour des grands. Vous allez dire, il a fait du vtt, il va neiger !!! Non en fait, il a neigé donc j'ai fait du vtt. Qu'importe le flocon pourvu qu'on ait
l'ivresse...
Tel un blanc bec, j'arrivai chez mon mentor vététiste Yvon expérimentant le "prêt à rouler". Ce concept consiste à arriver chez un ami qui vous prête une monture de qualité qu'il vient de régler
avec minutie et votre unique boulot consiste à pédaler. Yvon, éminence grise en vtt, me prodigue quelques conseils, je sens qu'il se fait des cheveux blancs.
Avec un léger retard nous arrivons à la place d'Espère où les autres petits hommes verts nous attendent. Stupeur, tout le monde est vêtu de rouge, seul moi suis en... bleu. Je sens que je vais en
voir de toutes les couleurs. Pascal, Francis, Jérôme, Gérard trépignent, nous recupérerons Marc sur le trajet.
Gaël le bizuteur en chef est absent et il a laissé carte blanche à Francis pour le choix du parcours. Il annonce la couleur: parcours peu exigeant tant physiquement que techniquement. Dans le
langage normal, ça veut dire que je vais en voir des vertes et des pas mures...
Ca y est, on démarre, Gérard, notre cordon bleu, donne le feu vert. Direction Crayssac par les bois, rien de tel qu'une mise au vert dans la nature. D'entrée je me positionne à l'arrière, en
bonne lanterne rouge. Jérôme l'autre transfuge de la route est juste devant moi, il est blanc comme neige. Par ailleurs, il faut signaler que c'est ma deuxième sortie de l'année avec Jérôme, à ce
rythme là, on va finir par se pacser, à moins qu'on fasse un mariage... blanc!
Les premiers hectomètres se font sur le bitume puis chauffé à blanc, Francis nous fait tourner vers la première ascension du jour. Je comprends que j'ai déjà mangé mon pain blanc, la monture
d'Yvon grimpe bien mais mon pied chaussé de tennis glisse un peu sur la pédale pendant l'effort. Cependant cette absence de pédales automatiques m'est d'un grand secours quand il s'agit de sauter
pour éviter certaines chutes. Je monte à mon rythme évitant de me mettre dans le rouge.
Au sommet, la petite troupe m'attend, cette attente sera un des fils rouges de l'après-midi. Le parcours se poursuit, j'ai un peu de mal à me repérer. Comme disait Johnny dans son dernier
single (track), blanc, c'est blanc, il n'y a plus d'espoir.
Ce que je repère par contre bien ce sont les descentes et j'ai une peur bleue et je ne suis pas le seul. Jérôme fait grise mine et choisit même de goûter régulièrement l'or blanc afin de
s'imprégner du parcours. Le verglas devient sa bête noire et les bleus s'accumulent sur son frêle corps de routier.
Devant les vrais "tétistes" s'en donnent à coeur joie et voient la vie en rose.
Pour ma part, j'expérimente, ainsi lorsque Pascal s'arrête pour éviter l'aigle de Nuzéjouls je choisis une méthode révolutionnaire d'arrêt buffet: je lui fonce dessus. Je peux désormais affirmer
que le tétiste est serviable et... confortable.
Je découvre aussi que le "tétiste" aime faire des pauses pour profiter de la nature, c'est son côté fleur bleue. Lors de celles dites pipi, Francis et Gégé s'efforcent de vaincre le péril jaune.
Tous les deux, c'est bonnet blanc et blanc bonnet. Autre élément qui m'étonne c'est que malgré les conditions extrêmes je n'ai pas froid, il faut dire que je ne vais pas bien vite. Autre
découverte, le tétiste adore marcher à côté de son vélo, bizarre coutume...
Profitant du blanc-seing qu'on lui a donné, Francis nous concocte un superbe parcours et très pédagogiquement nous annonce les zones de turbulence. Les chutes se font plus nombreuses, tout le
monde n'a pas comme moi la chance de posséder des freins v-brakes !!!
Le parcours tire (à blanc) à sa fin quand Jérôme crevé a un coup de pompe à moins qu'il ne donne des coups de pompe parce qu'il a crevé.
Décidément, la série noire continue. Il broie du noir en cette semaine du blanc mais toujours d'humeur égale refuse de se mettre dans une colère noire... Pendant qu'il gonfle un petit ane gris
nous contemple et à l'air de nous trouver bien bête.
Nous continuons et Yvon propose un raccourci que lui a montré Gaël.
Je deviens blanc comme un linge. La pente devient plus raide, je hisse le drapeau blanc. Les ornières font des victimes. La dernière descente mène à Espère et nous nous séparons heureux de cette
belle après-midi.
Au delà de ce récit haut en couleurs, je tiens à remercier les tétistes de m'avoir fait goûter aux joies du vélo dans la neige. Il y avait quelque chose d'enfantin dans ce plaisir. La
convivialité et l'humour étaient encore de la partie. Un merci tout particulier à mon mentor Yvon qui a mis tout en oeuvre pour que je puisse me joindre à vous. Au final, une journée à marquer
d'une pierre... Blanche.